Autour du solo BOYS BAND

Boys Band : produits de divertissement. Fabriqués. Assemblés. Corps athlétiques, esthétiques. Sexy pantins de la parade du faux. Du show. Boys Band rappelle l’âge d’or de la télévision, déchue. Celle du fantasme. Celle du rêve. Celle de l’onirisme sous poudre. Ile paradisiaque ou radeau à la dérive ?
Endroit et envers. Recto et verso. Aurore-Caroline Marty crée des duos, des duels, des dualités. Dualité, c’est à dire qui est double en soi. Tout fait corps et tout diffère. Système binaire. L’ostentatoire et le modeste. La grandeur et la futilité. Le faux luxe et le vrai kitch. Papiers glacés et cartons-pâtes. Muscles et pacotilles. Colosses aux pieds d’argile.
Boys Band se regarde des deux côtés du miroir. Et c’est bien du regard, de ce qui est à voir, dont il s’agit. Ce qui est réellement visible dans la matière, mais aussi les images construites par les codes et les récits. Emprunts de mythologie, deux tableaux. Deux décorum. Et leurs photographies respectives.
Des mises en scène qui accueillent des combattants impressionnants 
de virilité sous leur masque et leur costume. Les hommes deviennent matière. Les membres s’ancrent au sol. Les bustes deviennent architecture. Fusion avec le décor. Tout est solide.
A cet instant même, l’espace scénique est devenu photographie. Moment saisi. Moment de l’apogée. Moment du spectacle. Capture instantanée de la lumière sur Plexiglas, modelée par un processus de décalage créant la 3D. Echappant à la 2D. Le décor quand à lui reste et survit à l’instant.
Tel un vestige, il est à la fois le positif et le 
négatif de la démonstration. De la mise en scène, où se réinvente le mythe antique à la façon d’un divertissement moderne. Au détour d’une cloison, tout est plus fragile. Tout est plus dérisoire. Les belles matières se jouent de nous. S’effacent tels des mirages et se retrouvent sur des détails plus factuels. Volte-face des raisons d’être. Aurore-Caroline Marty détourne les objets et leur sens. Rebat les cartes. Au fil de ses créations, les éléments se réinventent. Les sculptures antérieures réapparaissent. Les feuillages céramiques Fallopia. Le coquillage néon Calypso. Les balustrades Bumble Boogie. Et au milieu, ce sont les objets chinés, ça et là : plantes d’aquarium, nuages bibelots. Tout est sculpture. Tout est cycle. Module. Sculpture. Kitschothèque. Aurore-Caroline Marty introduit le dépassé, le « de mauvais gout » ce jugement de valeur si subjectif, et le fait rentrer dans le mythe. Du rien surgit le grand. Du haut arrive la chute.

 

Juliette Durand, janvier 2020.

 

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Corps radieux 

Nous brillons. Notre simple présence éclaire. Ainsi le médium photographique se retrouve volontiers convoqué pour enregistrer cette radiance. Les rayons caressent l’épiderme, en colorent le relief. Et lorsqu’il fait sombre, voire que la nuit est déjà tombée, s’étend notre besoin de luire.

Aurore-Caroline Marty ménage trois agencements, qu’elle immortalise en y glissant des humains. Nourrie d’une intarissable culture de l’ornement, elle fabrique ici des décors habités le temps d’un clic, puis accessibles par nous en tant que coulisses. Une nouvelle étape pour l’artiste, dans sa croisade pour un goût autre.

Joël Riff, Curiosité – 2020 semaine 14 – Corps radieux

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